Il y a deux ou trois jours, j’ai rêvé que je me mariais (moi, âgée de 95 ans) avec un jeune de 21 ans ! Je me souviens très bien des propres démarches que j’ai faites pour mon mariage, depuis le taxi qui est allé chez la fleuriste, pour se faire habiller et, toute la préparation. Les ouvrières de la Maison de couture où je travaillais étaient chargées de faire la toilette de la mariée. Tout y est passé entre la messe, le photographe, ou encore, le traiteur Piou (route de Paris à Nantes). Ce dernier nous a confectionné un menu de roi : langoustes mayonnaise, langue de bœuf sauce Madère, agneau avec des flageolets, salade, plateau de fromages et la pièce montée avec les mariés dessus. En me réveillant, c’était une sacrée déception !
À l’époque, nous les bouchers, on était deux dans la région. Nous n’avions rien en réserve. On avait le droit de tuer une bête et avec l’autre boucher, on partageait la viande. Maintenant, les langues de bœuf viennent de n’importe quel pays donc, on peut satisfaire davantage de clients. On la coupe dans le sens de la longueur.
Moi, ce qui m’a marqué une fois, c’était que je recherchais la fenêtre, un brin de lumière pour retrouver le jour et me guider. Je criais au secours, mais personne ne venait ! C’est au matin, je suppose, qu’en prenant leur poste, les soignantes m’ont trouvé allongé au sol.
Je me souviens de certains évènements plutôt dans la journée. C’était Violette, la petite fille du propriétaire, qui dormait là-haut dans la chambre et qui a réveillé ses parents à l’alerte de la sirène. Ils sont venus dans notre buanderie. Papa, Maman, Georgette et moi étions restés allongés dans une tranchée faite par les allemands sur notre terrain.
Je dors donc je ne rêve pas, ni ne pense à quelque chose. La journée a été tourmentée et la nuit on revient sur le passé, d’où le cauchemar. Il paraît que tout le monde rêve mais on ne s’en rappelle pas. Ce dont on rêve, reste dans le subconscient.
Autrefois, on ne parlait pas de « rêve » mais de « songe ». On dit que l’on rêve d’avoir quelque chose et on songe à une chose, dans le sens de méditer…..
Les pensionnaires de la Croix du Gué